Xe BIENNALE DE PHOTOGRAPHIE EN CONDROZ
Marchin, Modave, Clavier — Les week-ends du 31 Juillet au 29 Août 2021

La carrière Cuvelier à Modave
rue de la Carrière — 4577 Modave

Erika Meda (BE)

Née en 1986 à Bruxelles, installée à Namur, Erika Meda a étudié les langues et littératures romanes et le cinéma. En 2013, elle co-fonde la maison de production Roue Libre au sein de laquelle elle travaille jusqu’en 2019, quand elle décide de laisser plus de place à sa propre pratique artistique, et de développer des projets dans les domaines académiques et pédagogiques. Enseignante et coordinatrice de la section cinéma au sein de l’école Preparts à Bruxelles, elle anime également divers ateliers autour de l’image, notamment au CEC de Bomel à Namur. Elle poursuit un doctorat en Art et sciences de l’art, qui questionne les enjeux très disparates du processus de création artistique, et l’impact de cette hétérogénéité sur l’œuvre comme sur le processus lui-même — manière plus théorique d’aborder les fictions et mises en scène auxquelles elle s’adonnait dès la sortie de l’enfance?

Elle propose à l’occasion de la Biennale, sous forme d’une installation inédite dans son ampleur, des tirages sur pavés de ciment, souvent en rapport avec l’eau, le bord de mer... Son travail porte sur la mémoire friable de la roche. La pierre dure et froide sur laquelle on pose nos pas, qui soutient nos bâtisses, enregistre les histoires du vent et des hommes, puis s’érode. Chaque pavé devient un fragment de ce temps écoulé, comme une marque rendue visible de ce que la pierre a ou pourrait avoir vu passer; l’effacement ou la dissolution de ce qui, un jour, fut.

Mayumi Suzuki (JP)

Mayumi Suzuki est une photographe documentaire, « ra- conteuse d’histoires », installée au Japon. Elle envisage les gens en tant qu’individus et ses photographies comme des preuves de leur vie. Son rôle de « conteuse visuelle » consiste à trouver et créer des récits personnels. Elle est née et a grandi dans une famille qui dirigeait un studio photo, fondé par son grand-père en 1930, dans la ville d’Onagawa. Le tsunami de 2011 au Japon a détruit la maison de l’artiste, anéanti le studio photo de son père et coûté la vie à ses parents. Après la catastrophe, elle a pris la caméra de son père et a entamé la création d’un hommage émouvant à sa famille perdue.

« Mes parents, qui possédaient un studio photo, ont disparu après le tsunami de 2011. Notre maison a été détruite. C’était un lieu de travail, mais aussi de vie; j’ai grandi là-bas. Là où se trouvait autrefois leur studio photo, il n’y avait qu’un tas de gravats. J’ai découvert ce qui restait de la chambre noire, puis j’ai trouvé la caméra de mon père, son portfolio et notre album de famille, couverts de boue. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à regretter de ne pas avoir repris le studio photo de mes parents. Un jour, j’ai essayé de prendre une photo de paysage avec l’objectif abîmé de mon père. L’image est sortie sombre et floue, comme une vue du défunt. En la prenant, j’ai imaginé que je pouvais connecter notre monde avec le monde au-delà… »