Xe BIENNALE DE PHOTOGRAPHIE EN CONDROZ
Marchin, Modave, Clavier — Les week-ends du 31 Juillet au 29 Août 2021

Le château de Royseux

À travers le feuillage, vous pouvez apercevoir le manoir de Royseux, datant du 16e siècle, avec ses deux tours quadrangulaires, son beau parc et sa ferme. Une amusante légende est arrivée jusqu’à nos jours qui met en scène le seigneur du castel de Royseux, un ermite, le diable et le Hoyoux — une légende qui expliquerait la présence de gros rochers de poudingue dans le lit de la rivière un peu en aval du moulin de Barse.

Un petit mot à propos de l’entretien du Hoyoux : un milieu exceptionnel à sauvegarder.

À hauteur du manoir, vous remarquerez peut-être que des lourds travaux d’abattage ont été réalisés dans la ripisylve — la formation boisée qui occupe l’espace riverain du cours d’eau.

Bien que la ripisylve soit extrêmement utile à bien des égards (limitation de l’érosion des berges, lutte contre les inondations, amélioration de la qualité de l’eau, biodiversité importante, at- trait paysager…), il est cependant parfois nécessaire d’intervenir, soit pour réaliser de petites trouées permettant à la lumière du soleil d’atteindre le cours d’eau et les espèces végétales et animales qui s’y trouvent, soit pour enlever certains arbres malades ou présentant un danger et pour établir une certaine diversité là où des interventions humaines passées ont trop homogénéisé le milieu. La réalisation de ces entretiens fait partie du travail de gestionnaire de cours d’eau : la Direction des Cours d’Eau Non Navigables du SPW en ce qui concerne le Hoyoux entre Les Avins (Clavier) et sa confluence avec la Meuse (Huy).

Ici, près du manoir, un aulne malade était tombé dans le Hoyoux, menaçant l’intégrité d’un autre habitat écologiquement intéressant et rarissime : les travertins (voir plus loin). Le gestionnaire a donc dû intervenir pour retirer cet arbre. Afin de limiter le nombre d’interventions, un examen consciencieux de l’ensemble du tronçon a été réalisé afin de marquer et recéper les autres arbres qui, pour une raison ou une autre, auraient demandé un entretien à court ou moyen terme, leur permet- tant de reprendre de plus belle dans les prochaines années. En l’occurrence, de nombreux aulnes touchés par l’armillaire (un champignon parasite) ont dû être coupés. Par la même occasion, un important massif de résineux a également été entièrement enlevé, au profit d’une végétation plus appropriée. En effet, les résineux ne sont pas adaptés aux bords de cours d’eau : leur enracinement superficiel et l’absence de végétation herbacée sous leur couvert sont responsables de phénomènes intenses d’érosion. L’ombrage excessif qu’ils génèrent et l’acidification de l’eau sont également défavorables à la faune aquatique. À l’issue de ce travail, le gestionnaire a procédé à une replantation d’essences adaptées aux berges des cours d’eau (aulnes, saules…).

Les travertins, ces petites cascades que vous pouvez admirer sur le Hoyoux, ne sont pas de « simples rochers » mais de fragiles dépôts de carbonate de calcium formés par l’action com- binée de la rivière et de certaines algues et mousses.

Lorsque la rivière traverse des zones riches en calcaire (ce qui est le cas ici), du calcium se dissout dans l’eau. Localement, à la faveur d’irrégularités du lit de la rivière ou d’embâcles naturelles, des dépôts peuvent se former et prendre progressivement de l’importance pour devenir des barrages de travertin grâce à l’activité photosynthétique des végétaux qui s’y développent.

Les barrages à travertin sont donc décrits comme des habitats aquatiques et leur caractère rare et fragile leur vaut un statut de protection particulier. Ceux que vous pouvez observer dans cette vallée sont d’autant plus précieux et rares qu’ils sont toujours « vivants », c’est-à-dire toujours en activité et en cours de développement.

Certains barrages de travertins du Hoyoux et du Triffoy voisin sont très anciens : ils contiennent des fossiles indiquant qu’ils se seraient édifiés il y a plus de 10 000 ans!

Malheureusement, de nombreuses menaces pèsent sur ces habitats exceptionnels et risquent d’en compromettre l’activité, comme par exemples le déficit en épuration des eaux usées domestiques, les rejets industriels, l’utilisation importante d’engrais ou encore les changements climatiques en cours et engendrant de fréquents épisodes de sécheresse importante.

meuseaval.be