Xe BIENNALE DE PHOTOGRAPHIE EN CONDROZ
Marchin, Modave, Clavier — Les week-ends du 31 Juillet au 29 Août 2021

La Limonaderie
2, rue des Eaux — 4577 Modave

Clyde Lepage (BE)

« Wallonie Road Trip... On ne choisit pas le paysage de sa jeunesse. Dépendante des adultes, on grandit là où ils et elles vivent. Ma famille habitait entre Namur et Liège, de part et d’autre de la Meuse. Dans la voiture, dans le bus, dans le train, je regardais le paysage se fondre dans la vitesse. Le défilement incessant d’images m’hypnotisait. Je me droguais à la vue de ce travelling sans fin, celui de mon propre road movie. J’y projetais mes fantasmes d’une autre vie, qui aurait eu pour cadre ces milliers de paysages éphémères. Condamné à disparaitre aussitôt, chaque instantané m’offrait un autre monde possible. J’étais toujours déçue d’arriver, de sortir de l’univers de la fenêtre. En 2017, j’ai commencé à retourner régulièrement dans ce territoire. Depuis lors, j’ai brisé la vitre de la voiture, du bus, du train, pour me jeter tout entière dans le paysage. (…) Influencée par le cinéma belge et sa poésie noire, oscillant entre fiction burlesque et documentaire social, je dresse peu à peu le portrait subjectif de ma région. »

Née en 1991 en Belgique, Clyde Lepage a voyagé quelques années en Europe et s’est investie dans des luttes politiques et sociales, avant de s’installer à Bruxelles et d’y entamer des études artistiques (ESA « Le 75 » puis ERG). Engagée, féministe, elle est aussi performeuse et artiste pluridisciplinaire; elle publie en 2021 son premier livre chez Yellow Now, Paeza Sovni, à l’occasion de la Biennale.

Ici ailleurs
(atelier Maxime Brygo)

Dans le cadre de Nouvelles Vagues, Maxime Brygo a dirigé un atelier à destination de photographes amateurs ou confirmés, désireux de partager une expérience artistique collective et individuelle. Sur le territoire tantôt post-industriel et tantôt rural du Condroz (environs de Clavier, Marchin, Modave), se développent alors une réflexion et une pratique artistiques dans un entre-deux : entre l’ici, le Condroz, et l’ailleurs, sans limite; invitant à se poser une question initiale : comment regarder le monde depuis l’endroit où l’on se trouve ? Ou comment mettre en résonance – via l’image – maintenant et ici, d’autres époques, d’autres lieux, des événements qui nous touchent ?

Chacun.e mène en parallèle une double recherche : d’une part une recherche d’images (qu’il s’agisse d’images médiatiques, d’archives, de documents trouvés, glanés, imprimés, web, d’ici ou d’ailleurs, contemporains ou anciens) et d’autre part une exploration du territoire afin d’y déployer une pratique photo- graphique en dialogue, en miroir, en décalage, en rupture – en tout cas en interaction – avec les images trouvées et choisies. Chacun.e est invité.e à s’approprier cette double question le plus librement possible : comment un lieu peut-il enclencher une recherche d’images, la recherche d’un ailleurs ? Comment une image peut-elle activer, enclencher un processus de création ? Des références d’artistes nourrissent aussi les recherches, ainsi qu’un ou plusieurs exercices collectifs invitant à faire une expérience personnelle du territoire, à sortir des sentiers battus : une dérive guidée par l’objectif de poser autant de regards singuliers sur ce Condroz.

Avec le soutien de l’ESA Saint-Luc Liège.

Mes racines, mon refuge

proposition du Pivot (Bruxelles),
en association avec les CPAS de
Marchin et Modave

« Quand on évoque la culture et la pauvreté, beaucoup de questions se posent. La culture est-elle réparatrice, émancipa- trice ? Les personnes précarisées ont-elles accès à la culture ? Peuvent-elles revendiquer, exercer leur droit à la culture ? À l’asbl Le Pivot, forts d’une expérience de création artistique, nous, personnes vivant la pauvreté, prenons la parole à ce sujet.

Nous avons tous les six réalisé des photos pendant deux ans, accompagnés par une animatrice-photographe, chacun avec sa technique et son sujet de prédilection. Nous avons imaginé ensemble, réfléchi au processus de création, écrit des textes... Au terme de deux années de balades, détours, recherches, discussions, après avoir aiguisé nos regards et affirmé nos styles, nous avons monté ensemble une exposition dans le cadre du parcours d’artistes d’Etterbeek; il n’était pas écrit sur le programme ‘ASBL’ ou ’bénéficiaires’, ‘handicapés’ ou ‘difficultés’. Nous étions des artistes parmi d’autres, sans aucune étiquette. Ça nous semblait plus juste comme ça. Nous avons pris notre place.

À la suite de cette réussite, nous nous sommes rassemblés et avons réfléchi ensemble sur divers points : y a-t-il une place pour l’art produit par les plus pauvres dans cette société ? Et comment nous, artistes, sentons-nous notre place ? C’est quoi être artiste pour nous ? Osons-nous nous sentir artistes? Qu’est- ce que cela nous apporte de créer ? L’art est-il libérateur ? »

À l’occasion de la Biennale, le projet s’est complété de participations nouvelles (sous la houlette notamment de Sarah Joveneau), et le livre lié au projet a été réédité.